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Sans titre

Madame la princesse Conti, seconde douairière, ne peut souffrir sa bru ni les Condés. Le sujet de cette haine vient tant de sa jalousie contre Mme la Duchesse, sa belle-sœur, avec qui son mari a eu une affaire, que parce qu’ils rompirent le mariage du Prince Conti, son fils, avec une d’Orléans pour lui faire épouser une de leurs filles, faisant entendre au roi que M. le Duc d’Orléans deviendrait trop puissant dans une minorité s’il était uni avec les princes du sang, raison que le Roi goûta  d’autant plus que son neveu était mal en cour et suspect depuis l’affaire d’Espagne, et le Roi ayant fait venir Mme la Princesse Conti à Versailles pour lui proposer le mariage de son fils avec une Condé et de Mlle de Conti avec le Duc de Bourbon, comme la Princesse de Conti n’y voulait pas consentir, le Roi lui dit qu’il allait faire un avis de parents qu’il signerait le premier et qu’il ferait ces mariages malgré elle, et le lendemain il envoya M. de Pontchartrain, secrétaire d’Etat, lui dire que puisqu’elle ne trouvait pas assez de bien à Mlle de Condé pour épouser son fils, il y avait pourvu, et pour lever cet obstacle qu’il lui ôtait à elle sa pension pour, en considération de ce mariage, la donner à sa bru, et ce fut cette menace qui fit signer Mme la Princesse Conti mère. Comme la jeune princesse de Conti profite toujours de la faiblesse que son mari a pour elle et lui fait prendre le parti des Condés contre sa mère dans les procès qu’elle  a avec eux pour la succession de son père, Henri Jules, elle n’a pas trouvé de meilleur moyen pour brouiller son fils avec sa bru que de lui inspirer de la jalousie sur sa femme et de lui dire ses  galanteries avec La Fare et plusieurs autres, et qui lui a si bien  réussi que le prince de Conti ayant fait en août 1717 pendant les couches de sa femme un voyage à l‘Ile-Adams, il a défendu de laisser entrer La Fare ni aucun homme chez sa femme, lui a ôté la jeune marquise  de Meuze, une Surlaube, sa dame d’honneur, et a mis à sa place Mme de Feuquières Hocquincourt qui, étant déjà âgée, est une espèce de surveillante. La jeune princesse a été si outrée de tout ceci qu’elle a dit, qu’en l’état où elle était on prétendait la faire mourir, mais qu’heureusement elle se portait bien et qu’elle s’en vengerait.

Ce fut Mlle de Conti,  aujourd’hui Mme la Duchesse, qui était alors déjà âgée de 25 ans, laide et bossue, craignant de n’être pas mariée, avertit les Condés que M. le duc d’Orléans, dont elle intercepta une lettre à sa mère, était en parole avec elle pour marier une de ses filles avec le prince de Conti, et qu’elle projeta avec les Condés son mariage avec M. le Duc et celui de son frère avec Mlle de Bourbon, et c’est pour cela  que depuis elle a toujours été mal avec la Princesse Conti sa mère.

Numéro
£0038


Année
1717




Références

Clairambault, F.Fr.12696, p.300-300ter