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Pièces représentées sur les théâtres de l'Europe

Pièces représentées dans le mois d’août sur les théâtres des différentes cours de l’Europe


Par permission du roi de Pologne

Les comédiens ordinaires du roi de Prusse ont donné, le 28 d’août 1744, sur le théâtre de Prague, Le Retour imprévu, comédie avec accompagnements, et donneront dans peu l’Embarras des richesses, pièces remise au théâtre par la noblesse du royaume de Bohême.

Le roi de Prusse recommença la guerre en 1744 contre la reine de Hongrie, et ne fut terminée qu’en septembre 1745, par une bataille complète qu’il gagna contre les  troupes autrichiennes et saxonnes commandées par le prince Charles. Il en coûta à l’électeur de Saxe la prise de Dresde et des contribtions immenses. Les sommmes stipulées par le traité de paix qui fut fait ensuite à Desde même, n’ont pu être acquittées qu’à la foire de Leipzig, en 1746.

Par ordre de la reine de Hongrie

Les comédiens de Sa Majesté ont continé de donner, pendant le mois d’août, sur le théâtre de Francfort, Sigismond ou La vie est un songe. Ils s’apprêtent à donner dans peu Les Droits de la nature et du sang, comédie nouvelle, précédée d’un prologue français et d’un chœur allemand en quatre parties.

Allusion au grand duc qui ne jouait aucun rôle, et qui ne subsistait que par la grâce de sa femme,la reine de Hongrie.

Par ordre du Prince Charles

Les comédiens autrichiens ont donné pendant une partie du mois d’août, sur le théâtre d’Hagueneau, les Caractères de la Folie. Ce théâtre a été fermé, le 23, par une grande symphonie et une danse figurée à la hongroise.

Au mois de juillet 1744, le prince Charles passa le Rhin, entra en Alsace et ne se vantait pas moins que de conquérir la Lorraine, la Franche-Comté, la Bourgogne et de pénétrer jusque dans le cœur du royaume par la Champagne. Le roi accourut de Flandre pour sauver cette frontière. Il tomba malade à Metz. Le secours fut long à arriver, et cependant toutes les bravades du prince Charles n’aboutirent qu’à faire quelque pillage dans cette province. Il n’osa tenir devant l’armée du roi commandée par le maréchal de Noailles. Ce fut près de Hagueneau qu’il repassa le Rhin ; et il l’aurait payé cher, s’il avait eu à faire à un autre général.

Par ordre des Etats de Hollande.

Les comédiens des Etats-Généraux ont donné pendant le mois d’août, sur le théâtre de la Haye, le Tardif, comédie, suivie du Mariage mal assorti. Ils donneront dans peu Pensez-y bien, comédie nouvellement dédiée aux Etats-Généraux par un associé des académies de Berlin et de Paris.

Les longues délibérations des Hollandais leur ont fait atttribuer la comédie imaginaire du Tardif, et ils n’ont pas su profiter des circonstances. Le Pensez-y bien qu’on annonce est une prophétie assez bien vérifiée par les événements depuis 1745 jusqu’en 1748. Leur union intime avec l’Angleterre les a engagés à être acteurs dans une guerre qu’ils pouvaient avoir l’honneur de terminer comme médiateurs ; et le stathouder qu’ils se sont laissé donner par les Anglais, est la preuve de leur aveuglement sur leurs propres intérêts. La perte de leurs biens suivra celle de leur liberté.

Par  ordre du Parlement d’Angletere.

Les comédiens hanovriens continueront de donner sur le théâtre de Bruxelles, le Distrait, comédie dédiée au roi de Prusse. L’on attend don Sébastien ou le Roi dépouillé, redemandé par le chevalier de Saint-Georges, fils du Prétendant.

La garde de Bruxelles était confiée aux troupes hanovriennes. L’on avait projeté une descente en Angleterre avec beaucoup de troupes. La tempête dissipa cet orage, mais les mécontents sollicitèrent de nouveaux secours. Le fils du Prétendant a depuis débarqué en Ecosse ; il y a tenu pendant quelque temps, mais son parti a été entièrement dissipé, et il est revenu en France attendre des circonstances plus heureuses, que l’on présume être très éloignées.

Par ordre du roi de Prusse.

Les comédiens hongrois qui, dans les quinze premiers jours du mois d’août, ont représenté, sur le théâtre de Vienne, la Femme arbitre, ont remis, le seize, sur le théâtre de Presbourg, Georges Dandin, suivie du Deuil, dédiée à la noblesse de Toscane et de Hongrie.

La guerre recommencée entre le roi de Prusse et la reine de Hongrie a fait voir que le Grand-Duc n’était propre qu’à faire des enfants. Il se retira à Presbourg avec sa femme, pendant quel e roi de Prusse lui détruisait  son armée par des escarmouches.

Par permission du roi d’Angleterre.

Les comédiens espagnols continuent de donner, sur le théâtre de Londres, Bergantin, comédie, suivie d’une danse de matelot basques, donnée en faveur des négociants de la mer du Sud.

Les Espagnols n’ont pas été beaucoup maltraités par les Anglais sur la mer. Ces derniers ont fait beaucoup de dépenses en armements pour intercepter les galions, sans pouvoir réussir, et les Espagnols ont fait beaucoup de prises sur eux.

Par ordre du prince de Conti.

Les comédiens piémontais continuent de donner sur le théâtre de Turin la représentation de la pièce intitulée … … en attendant Arlequin Protée, que l’on remettra au théâtre en faveur du roi de Sardaigne.

Le prince de Conti fit des merveilles pendant cette campagne en Piémont. Il força Montalban, prit Villefranche, Nice, etc. fit le siège de Démont qui se rendit, entreprit celui de Coni, mais trop tard, et le roi de Sardaigne le fit lever par une bataille qui, tout glorieuse qu’elle fut pour le prince de Conti, fut cependant plus utile au roi de Sardaigne qui vint à bout de son dessein, et nos troupes perdirent plus en se retirant qu’elles n’avaient gagné en avançant.

Par permission des Espagnols et Autrichiens.

Les comédiens de la république de Venise continuent de donner la représentation de l’Avocat patelin, en attendant l’Oracle.

Les Vénitiens n’ont pris aucun parti dans cette guerre.

Par permission de Sa Majesté Catholique.

Les comédiens espagnols continuent de donner sur leur théâtre en Amérique, l’Esprit de contradiction, dédié à l’amiral Torrès.

Il est vrai que l’amiral Torrès est longtemps resté à la Havane, sans oser continuer sa route pour revenir en Europe ; mais il a su enfin profiter de l’occasion pour le faire sûrement.

Sous la protection du maréchal de Saxe.

Les marionnettes des Pays-Bas ont donné pendant le mois d’août sur leur théâtre de Tournai, Polichinelle assiégeant Lille, ornées de décorations grotesques, entre autres de l’arrivée du gros canon par le goulot d’un bouteille ; le tout de l’invention des Autrichiens pensionnés par les Etats-Généraux de Hollande et l’Angleterre.

Depuis que le roi eut quitté l’armée de Flandres et emmené avec lui une partie des troupes pour aller sauver l’Alsace, M. le maréchal de Saxe, avec une armée qui n’était pas de cinquante mille hommes, eut le secret de se faire respecter des alliés qui firent tout le possible pour l’engager à quitter son camp sous Douai, sans pouvoir réussir. Ils menacèrent Lille, firent des contributions jusqu’aux faubourgs, san oser en faire le siège, et passèrent ainsi tout le reste de la campagne sans rien faire, tandis que le maréchal de Saxe étendait ses contributions jusque dans le Brabant, et leur enlevait des bourguemestres jusqu’à Gand.

Par permission de M. Lobkowits et du roi de Sardaigne.

Les comédiens étrangers continuent de donner sur le théâtre de Rome, le Festin de Pierre, dédié à N. S. P. le Pape régnant.

Le comte de Gages qui commandait les troupes espagnoles et napolitaines dans l’Etat ecclésiastique, se conduisit vis-à-vis du prince Lobkowits, comme M. de Saxe vis-à-vis des alliés ; les Autrichiens furent obligés plus d’une fois de changer de camp, parce qu’ils ne pouvaient plus subsister dans les anciens, tandis que les Espagnols tiraient leurs subsistances de la campagne de Rome et de Rome même.

Par permission du roi de Suède.

Les comédiens moscovites continuent de donner, sur le théâtre de Stockolm, le Légataire universel, comédie, et Attendez-moi sous l’orme, petite pièce dédiée au roi de Dannemark et au prince des Deux-Ponts.

Ce fut dans cette année que le duc de Holstein, évêque de Lübeck, fut choisi pour successeur éventuel au trône de Suède ; le roi de Danemark et le prince des Deux-Ponts étaient ses concurrents, mais la faction anglo-russienne l’emporta. Cette même faction a voulu depuis détruire son ouvrage, parce que le prince successeur n’a pas voulu suivre ses maximes, et dont le véritable intérêt est d’être allié de la France. C’est ce qui a été discuté par les états du royaume tenus en 1747. C’est ce qui a causé la démission et le rétablissment du chancelier comte de Tessin ; l’affaire du médecin Blackwell, 1747 ; celle du négociant Sprenger, celle de l’ambassadeur Guidickens.

Par permission du Grand-Seigneur.

Les comédiens persans continuent de donner, sur le théâtre de Constantinople, les Pélerins de la Mecque, pièce remise au théâtre par Thamas-Kouli-Kan.

Guerre entre les Turcs et les Persans, terminée en 1746.

Par permission du roi de France

Les comédiens français ont représenté pendant une partie du mois d’août, sur le théâtre de Strasbourg, la comédie des Plaideurs, qu’ils ont cessée le 22 pour donner Brutus  ou le Vengeur de la patrie, tragédie dédiée au prince Charles, qu’ils continueront sans relâche.

Le passage du prince Charles, ses troupes répandues en Alsace avaient obligé toute la campagne voisine de Strasbourg à y transporter ses effets les plus précieux. Leur crainte augmenta quand ils apprirent la maladie du roi à Metz, mais nos troupes ayant toujours avancé chemin, les Autrichiens n’osèrent tenir, et se retirèrent par Hagueneau, sans avoir rien entrepris d’important, et n’ayant fait autre chose que piller ce qu’ils avaien pu.

Par ordre de l’amiral Mathews.

Les voltigeurs anglais continuent de donner sur le théâtre de Gênes, l’Art pantomime, et leurs danses à la matelote.

L’amiral Mathews croisa dans la Méditerranée pendant toute l’année, depuis le combat du 15 février. On lui a fait depuis son procès  à Londres.

Par ordre du roi de Portugal.

Les comédiens ordinaires de cette cour continuent la représentation du Philosophe malgré lui.

Le roi de Portugal n’a rien perdu à rester neutre, son port a été ouvert à tous les vaisseaux, et son commerce n’a été troublé en aucune façon.

Par permission du roi de Naples.

Les comédiens du duc de Modène ont donné sur le théâtre d’Albano, la représentation de l’Etourdi, pièce corrigée par M. de Gages.

Le texte parle assez sans commentaire.

Numéro
£0148


Année
1744




Références

Clairambault, F.Fr.12711, p.307-09 - Maurepas, F.Fr.12647, p.325-29 - F.Fr.13657, p.129-32 - Bois-Jourdain, II, 160-68


Notes

Les N° £0146, 147, 148 paraissent sortis de la même plume. - Une autre version en £0392