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Mandement de M. l’évêque de Cisteron

Mandement de M. l’évêque de Cisteron contre les ouvrages de l’avocat Chaudon dans l’affaire du Père Girard, jésuite.

Pierre-François, par la grâce de Dieu et du Saint-Siège, évêque et prince de Cisteron.

Nous ne saurions trop nous hâter, M.T.C.F., d’ôter de vos mains une infinité d’écrits, tous sortis de la même plume et marqués au coin de la réprobation. Ce sont ceux que l’avocat Chaudon a donnés au public dans une affaire où la religion a été si indignement déshonorée que Dieu semble s’en être réservé la vengeance à lui seul. Ave quelle pudeur un jurisconsulte catholique a-t-il pu se résoudre à présenter en son nom, aux yeux de toute l’Europe, divers mémoires où le fiel de sa plume a réuni tout ce que la licence a de plus audacieux, tout ce que la calomnie a de plus atroce et que le complot a de plus noir, et que l’invective a de plus emporté. Qui de vous, M.T.C.F, n’a pas rougi pour lui et pour la religion même de trouver dans tous ces ouvrages des peintures du vice si affreuses et des images si indécentes que le libertinage même n’a pu les voir sans horreur. De quel droit un laïc a-t-il pu dogmatiser sur le quiétisme, prononcer sur ce qui appartient ou n’appartient pas à cette hérésie ; décider qu’elle était dans des lettres où elle ne fut jamais et déférer l’hérésie à un tribunal séculier. De quel front un simple particulier, et sur un tel sujet, a-t-il pu contre toutes les règles de la bienséance et de l’équité, contre toutes les lois divines et humaines, sortir de sa cause pour attaquer un corps si cher à l’Église et si fidèle à l’État, et si utile au public, et qui n’a peut-être jamais paru plus respectable que dans la modestie de ses réponses. Leur gloire est de n’avoir pour ennemis que ceux de l’Église et la honte de se profaner sera toujours d’avoir attaqué la religion qu’ils défendent.

A ces causes, le saint nom de Dieu invoqué, nous avons condamné et condamnons comme téméraires, attentatoires à l’autorité des évêques, offensant les oreilles pieuses, perniceux, scandaleux et propres à corrompre les bonnes mœurs généralement, tous les imprimés intitulés Mémoires de La Cadière, comme contenant des visions, des révélations, des assertions fausses et supposées, dictées par l’esprit d’orgueil, attentatoires à Dieu et à la religion, contenant des suppositions respectivement fausses, téméraires, obscènes, scandaleuses, contraire aux bonne mœurs, une dérision et un abus sacrilège des sacrements, des cérémonies de l’Église et de tout ce que nos mystères ont de plus sacrés, enfin comme remplis des plus abominables impiétés. En conséquence, défendons de les lire et de les garder. Ordonnons que, dans l’espace de huit jours, on en rapporte les exemplaires au greffe de notre officialité, le tout sous peine d’excommunication encouru par le seul fait.

 

8 octobre 1731

 

Numéro
£0345


Année
1731




Références

F.Fr.15145, p.469-74 - Arsenal 2975/1, p.254