Manifete sur l'exil du maréchal de Villeroy
Manifeste sur l'exil de Monseigneur le maréchal de Villeroy
L'autorité royale n'est comptable qu'à Dieu de ses décisions et de l'exécution de ses projets. Cependant, les rois et les dépositaires de leur puissance veulent bien quelques fois, par bonté, manifester les raisons qui les font agir. Il est des certaines circonstances où la sagesse les sollicite de renoncer à leurs droits pour confondre les malintentionnés et ne pas scandaliser les faibles. Telle est la conjoncture présente. Le maréchal de Villeroy, gouverneur de Sa Majesté vient de recevoir un ordre d'aller à son gouvernement. Il serait bien triste qu'à l'occasion de cet éloignement, le public pût soupçonner le zèle et la fidélité de ce maréchal. Il faut rendre justice à la droiture de ses intentions, mais en même temps, ce gouverneur présumait trop de la dignité de son emploi. Il affectait un certain air d'indépendance que l'autorité souveraine et ceux qui en sont dépositaires ne doivent pas tolérer. Ses prétentions ne convenaient ni à Sa Majesté ni à l'honneur des princes de son sang, et vouloir pour ainsi dire s'élever un trône particulier pour s'opposer à la régence, comme si l'autorité royale pouvait être divisée sans toutes ces indiscrétions qui n'attaquèrent pas la probité de M. le maréchal, nous aurions encore la satisfaction de le voir auprès du roi. Mais les bonnes intentions ne suffisent pas dans les plaies importantes, il faut savoir mesurer ses démarches et se soumettre à l'esprit du gouvernement qui ne se propose que la gloire du roi et le bonheur de ses sujets.
Clairambault, F.Fr.12698, p.243-44 - Maurepas, F.Fr.1231, p.45-46