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L'état de la France

L’état de la France

L’argent s’anéantit,

Le banquier manque de crédit,

Le marchand demande répit,

Le courtisan languit.

Le soldat réformé périt,

La noblesse s’avilit,

Tout le monde pâtit,

Le Régent rit.

Le bourreau s’enrichit,

La dame de cour se remplit,

Le Parlement s’enorgueillit,

Le Conseil s’étourdit.

Fourqueux fait bien du bruit,

La Chambre apporte peu de fruit,

L’homme d’affaires se tapit,

Le comptable à sec déguerpit.

La grisette n’a plus d’habit,

La belle sans argent vieillit,

De Rome le pouvoir est frit,

Loyola crève de dépit.

Le jansénisme reverdit,

La vérité médit,

La vertu se séduit,

L’honneur s’enfuit.

Le juste compatit,

Le sage en vain rougit,

Le voluptueux s’enhardit,

L’espérance éblouit.

Tout se perd petit à petit ;

Le moine, seul à l’aise, rit.

Numéro
£0189


Année
1716




Références

Raunié, II, 126-127 - F.Fr.12500, p.70 - BHVP, MS 551, p.313