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Combat d'animaux allégorique

Par permission de M. le lieutenant général de police. Combat d'animaux. 

Messieurs et Dames

Le sieur Inconnu qui a eu l'honneur de divertir toutes les cours de l'Europe, et en dernier lieu celle de France, par le grand combat de la Constitution, vous en prépare un qui ne sera pas moins divertissant. Il sera fait par des animaux de différentes espèces, et d'une nature très cruelle. Le premier est un Bouvart qui tient beaucoup du vautour, ne vivant que de rapines. Le deuxième est un rulliginosa1 . Cet animal a quelque chose d'égaré dans les yeux et ressemble fort à un singe et à un renard. Le troisième est très féroce et d'une nature indomptable. Il a été engendré par un dogue d'Angleterre et un loup-cervier ; on l'appelle des Forts2 . On joindra à ces animaux deux chiens de très méchante race, appelés Menet et Olivier. On lâchera au milieu d'eux Bourvalaisis, qui est un animal seul de son espèce qui vous paraîtra un peu pesant, mais qui vous étonnera par la constance et le sang-froid avec lequel il soutiendra les attaques de tous ces animaux. Cependant, comme il faut céder à la force, il sera enfin terrassé et, pour le garantir de la mort qui serait pour lui inévitable, on en lâchera promptement un autre qu'on a amené de Venise, qui a la prudence du serpent et la force du lion. Il est noir de la tête jusqu'aux pieds, a le regard un peu farouche et tient de l'ours, se servant comme lui de ses deux pattes, dans lesquelles il tiendra adroitement deux masses, avec quoi il dissipera d'abord tous ces animaux. 

On fera voir ensuite le tour de la fusée d'une nouvelle manière, la faisant descendre au bout d'une corde à un poteau féminin. À laquelle corde il y aura un nœud coulant, en sorte que dès qu'on aura mis le feu à la fusée, on lâchera le plus méchant animal de notre ménagerie qui est le Bouvart ; et lorsqu'avec sa sagesse ordinaire il prendra et sautera à la fusée, la corde lui tombera sur le col, et le tiendra en l'air, tant et si longtemps qu'il vous plaira, ce qui sera pour le public un charmant spectacle.

On continuera tous les dimanches le divertissement et l'on commencera à deux heures précises. 

La loge est dans la grande Cour de la chambre de justice.

Permis d'imprimer, vue la connaissance que nous en avons, 

Machault.

  • 1Rouillé (M.).
  • 2Le Pelletier (M.).

Numéro
£0087


Année
1718




Références

Clairambault, F.Fr.12697, p.37-38 - Maurepas, F.Fr.12629, p.251-52


Notes

Autre version en £088