Catalogue des pièces qui ont été représentées depuis plusieurs années sur les différents théâtres de l'Europe
Catalogue des pièces qui ont été représentées depuis plusieurs années
sur les différents théâtres de l'Europe
L’empereur Charles VII. MM. de Broglio, de Maillebois et de Seckendorf pendant les années 1741, 1742, 1743, 1744, ont, par ordre du cardinal de Fleury et aux dépens du Roi de France, fait représenter sur différents théâtres d’Allemagne la comédie du Malentendu favorable. Cette pièce, qui a été jouée en présence de la Reine d’Hongrie, lui a été fort gracieuse.
On a pendant les mêmes années représenté à Vienne et à Londres aux dépens du cardinal de Fleury le Pédant joué.
M. le maréchal de Noailles a fait depuis représenter en Flandre et en Alsace le Triomphe de l’intérim, dont on n’a point laissé achever la représentation.
La Reine d’Hongrie fait toujours représenter alternativement à Vienne la Fille capitaine et l’École des femmes.
On apprend par des lettres de Vienne qu’on y a représenté en présence du grand Duc de Toscane Jodelet maître et valet et pour petite pièce la Baguette.
Sa Majesté Louis XV a fait représenter à Fontenoy le 11 mai 1745, pour l’ouverture du théâtre, le Fat puni, dont on assure que le dénouement n’a pas plu au Duc de Cumberland qui était venu à la représentation avec une puissante cabale pour faire siffler cette pièce.
Le Prince Charles de Lorraine a fait représenter en 1744 sur le Rhin en présence de M. le Maréchal de Noailles la comédie intitulée Attendez-moi sous l’orme1 .
L’Infant Don Philippe et le Prince de Conti ont fait représenter en 1744 à Demon et à Coni la comédie des Malassortis2 .
Le Grand Duc de Toscane3 a fait représenter aux environs de Francfort sur le Mein en 1745 le Guerrier malgré lui.
On a joué la même année à Francfort sur le Mein en présence du Grand Duc Arlequin empereur dans la lune aux dépens de la reine d’Hongrie et de ses alliés.
Le Roi de Prusse a fait représenter à Freideberg en Silésie le 11 juin 1745, à Prendwitz en Bohême le 30 septembre en Suissse, à Kessenldorf en Alsace le 15 décembre, l’Homme à mauvaise fortune, comédie qui chaque fois avait été redemandée par des personnes de distinction telles que le P. C de Lorraine, le Duc de Saxe-Weissenfels et autres4 .
On a longtemps représenté à la cour le Préjugé à la mode et les Dehors trompeurs, comédie qui avait été redemandée par le Roi à la considération de M. de Noailles.
M. de Gensac, gouverneur de Wissembourg y a fait représenter en 1744, en présence du P.C. de Lorraine Sancho Pansa gouverneur, et pour petite pièce la Valise sauvée5 .
M. le Comte de Saxe a fait représenter en Flandre, en Brabant et autres provinces nouvellement conquises Crispin rival de son maître, et pour petite pièce l’Oracle, comédies qui ont été vues avec beaucoup de plaisir et l’on ne sait pas même si l’on fera cesser les représentations cet hiver, à moins que ce ne soit pour faire jouer une nouvelle pièce dont on ignore l’intrigue et dont on devine seulement le sujet et le dénouement.
Le même a fait représenter à Bruxelles le 20 février 1746 l’Impromptu de Versailles.
On s’était attendu que le P. Édouard, fils aîné du Prétendant, ferait représenter en 1746 le Français à Londres, attendu tous les préparatifs qu’on lui avait vu faire pour cela ; mais on a été bien étonné quand, au lieu de cette pièce, on a appris qu’il venait de faire jouer en France celle du Retour imprévu.
M. le Maréchal de Maillebois a fait représenter plusieurs fois en Italie pendant le cours de 1746 le Curieux impertinent et le Distrait.
M. le Prince de Conti a voulu donner en Flandre en 1746 une représentation de la comédie intitulée l’Indépendant ; mais comme elle se serait jouée aux dépens de M. le Maréchal de Saxe, on l’a prié de retirer sa pièce, ce qu’il a fait à la satisfaction de ceux qui devaient être les spectateurs.
M. le Maréchal de Saxe a fait représenter à Raucoux, près de Liège, le 11 octobre 1746 une comédie nouvelle de sa façon qui a pour titre : le Général battu et content, à laquelle le PC. de Lorraine lui a fait l’honneur d’assister.
On a représenté à Gênes dans le courant de décembre 1746 par ordre du S. Lugo, noble Génois, et malgré les défenses du sénat, Gênes sauvée, tragédie en cinq actes. Cette pièce se soutient toujours et elle a même été depuis reprise aux environs du détroit de la Boquetta, et pour petite pièce le Charivari.
Le comte de Browne6 , général de l’armée autrichienne, fait, dit-on, représenter en Provence le Quartier d’hiver. On assure qu’il oblige les habitants du pays à fournir aux frais de la représentation, mais on confirme d’un autre côté qu’il y a des ordres de la cour de Versailles, dont M. le Maréchal-duc de Belle-Isle est porteur, qui fait défenses d’en continuer la représentation.
D’autres avis de la même province portent qu’on y songe à représenter, en présence de M. le Maréchal-duc de Belle-Isle7 la Couronne de Pharaon aux risques, périls et fortunes des Autrichiens.
Le Prince de Galles et le Duc de Cumberland continuent de faire représenter devant eux à Londres les Frères ennemis8 .
Les États généraux continuent aussi de faire représenter à La Haye et à Breda9 la Femme juge et partie.
On a représenté à Versailles et par ordre du Roi, la [ill.] à laquelle M. d’Étioles10 a assisté.
On s’attend que M. le Maréchal de Saxe fera reprendre dans les Pays-Bas les représentations du Fat puni et que M. le Duc de Cumberland11 , qui fait maintenant représenter à La Haye le Glorieux, pourra bien l’honorer de sa présence.
On apprend de Berlin qu’à l’arrivée de M. de Maupertuis, le Roi de Prusse avait fait représenter le Capricieux et quelque temps après le Philosophe marié12 .
M. le Duc de Richelieu, gentilhomme de la Chambre, fait souvent représenter devant le Roi le Flatteur.
Le Roi et le Parlement d’Angleterre continuent toujours de faire représenter à Londres et à La Haye le Grondeur, et pour petite pièce l’Esprit de contradiction.
M. de Voltaire vient de procurer à Paris une nouvelle représentation de l’Étourdi, et M. l’abbé d’Olivet une de l’Indiscret, auxquelles le public a pris beaucoup de plaisir.
Le grand dispensateur des bénéfices et des lettres de cachet, M. Boyer, ex-théatin, ancien évêque de Mirepoix, continue toujours de faire représenter devant le Roi le Tartuffe et devant le clergé l’Ambitieux, et pour petite pièce les Billets doux.
Mme d’Andelot a fait représenter incognito à Versailles devant Mme Marie-Adélaïde de France, la Fille savante, mais par malheur on n’a pu en achever la représentation ; le public n’est point instruit à quel acte elle a été interrompue.
M. le Cardinal de Fleury a longtemps fait jouer et représenter devant le Roi, le Tuteur et pour petite pièce la Pupille ; mais depuis sa mort le Roi a fait représenter devant Memin, Tournay et autres lieux, Alexandre.
- 1Le passage du Rhin par l’armée du Prince Charles en présence de ce Maréchal.
- 2Ces deux princes commandaient l’armée qui était dans ce pays et étaient toujours en discussion ensemble.
- 3Il commandait l’armée qui était sur le Mein pour favoriser son élection à l’Empire.
- 4Les dates mentionnées sont les différents avantages qu’il a remportés sur la Reine d’Hongrie et le Roi de Pologne, son allié.
- 5Voyez les pièces de cette année 1744 sur son sujet.
- 6Commandant de l’armée autrichienne qui est en Provence.
- 7M. de Belle-Isle, nommé pour commander l’armée qui est en Provence, à la place de M. de Maillebois.
- 8Ils ont toujours été en discussion et ne s’aiment point.
- 9Lieu où se tiennent les conférences des ambassadeurs des puissances belligérantes.
- 10Mari de Mme la marquise de Pompadour.
- 11Commandant de l’armée des alliés en Flandre.
- 12Le Roi de Prusse l’a marié à une Dame attachée à la Reine.
F.Fr.10478, f°31-33