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Brevet du Régiment de la Calotte, en faveur des avocats du Parlement de Paris

Brevet du Régiment de la Calotte, en faveur des avocats du Parlement de Paris

Le Général du Régiment de la Calotte ayant été informé par les sifflets du Public de la conduite des Avocats du Parlement de Paris, et du mépris qu’elle leur attire chaque jour, a résolu de les en venger, en leur accordant une place à perpétuité audit Régiment. On ne croit pas qu’il y ait personne au monde assez injuste pour leur disputer cet honneur qu’ils ont mérité dans ces derniers temps par tant d’actions mémorables et qui ne  peuvent être l’effet que du vertige qui préside à leurs démarches. Chacun sait avec quelle profondeur de génie et quelle gloire ces hommes rares ont osé lutter contre le Souverain même, en voulant traiter avec lui d’égal à égal, jusqu’à prétendre donner eux-mêmes les conditions auxquelles ils voulaient rentrer dans leur devoir et être déclarés ses fidèles Sujets. On sait encore le droit qu’ils se sont attribué d’interrompre et de rétablir quand il leur plairait l’exercice de la Justice ; d’aller au moins de pair avec les Avocats Généraux, eux qui, en qualité d’Oracles de la Nation, ont refusé avec cette noble fierté qui leur sied si bien, l’honneur d’être associés par l’Académie française à ce qu’il y a de plus grand et de plus respectable dans le Royaume. On n’ignore pas non plus le mépris aveccevequel ils traitent hautement les Ordres et les Membres du Parlement, et l’entreprise qu’ils ont faite d’établir dans le centre de l’État le plus Monarchique de l’Europe, une petite république composée de gens qui, sous prétexte qu’ils exercent une profession libre, prétendent ne dépendre d’aucune autorité et qui réellement n’en reconnaissent aucune.

Toute cette conduite des Avocats, si manifestement vide de bon sens, et les bévues sans nombre qu’ils nous promettent encore, en suivant scrupuleusement comme ils le font, le système de l’indépendance et de la liberté de leur profession, sont des titres si glorieux et qui les lient si étroitement au Régiment, que le Général aurait cru manquer aux devoirs de sa charge et à ceux de l’équité, s’il avait différé plus longtemps à les admettre dans le Régiment, et à rendre par là un témoignage authentique aux extravagances de cet Ordre, et au dérangement du cerveau des Particuliers qui le composent.

C’est dans cette vue et pour prévenir par un enrôlement aussi prompt que bien mérité, le dessein qu’auraient pu former les Directeurs des Petites-Maisons de les y faire enfermer, que le Général a dépêché en toute diligence le Sieur Tête-Vide, caporal audit Régiment, avec de pleins pouvoirs pour enrôler les Avocats du Parlement de Paris, lequel en exécution des ordres de son Général leur en a délivré le Brevet ci-joint.

Numéro
£0487


Année
1738




Références

F.Fr.12682, f°157


Notes

Introduction au brevet $4224. L'ensemble imprimé contient encore diverses autres pièces relatives à la fronde des avocats.