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Amnistie en faveur des avocats du parlement de Paris

Amnistie en faveur des avocats du Parlement de Paris


Les avocats du Parlement de Paris, honnis et confus, ayant donné des marques du repentir sincère de leur conduite passée et d’une soumission pleine de respect pour leurs Maîtres et leurs Supérieurs, en rentrant avec docilité dans l’exercice de leurs fonctions ; le public, touché de compassion pour la faiblesse humaine, veut bien, en considération des railleries qu’ils ont essuyées et qu’ils reconnaissent avoir bien méritées, leur accorder, comme en effet il leur accorde par ces Présentes, la grâce de rémission entière et de pardon de toutes les fausses démarches, petitesses, écarts, fierté, rodomontades, folies, extravagances et autres fautes en grand nombre de cette espèce qu’ils ont commises contre le sens commun jusqu’à ce jour. Fait expresses défenses à toutes personnes bien sensées, de leur reprocher aucun des défauts et délits mentionnés dans ces Présentes, les rétablissant pour cet effet dans la réputation d’hommes raisonnables (autant qu’il est possible de le faire après une telle conduite). À condition néanmoins qu’ils déposeront cette fierté qu’on leur reproche avec raison, et qui sied si mal à des gens comme eux, la plupart sans vrai mérite et presque tous sans naissance ; que désormais on les verra plus humbles, plus soumis et plus reconnaissants de la faveur que le Public leur accorde ; qu’ils ne formeront plus de complots préjudiciables à leur honneur, sous prétexte de défendre les droits, la gloire de l’Ordre, et cette liberté mal entendue qui ne réside que dans l’imagination, et qu’ils excluront de leurs assemblée cette cohue de jeunes gens qui, depuis quelque temps, font la loi aux anciens, prétendent leur donner le ton, décident de tout par leurs clabauderies, sans savoir ni pourquoi ni comment, et qui sont les vraies causes de tous les faux pas dans lesquels ils ont engagé le plus grand nombre, et du ridicule que l’Ordre s’est donné par des démarches dont on n’aurait pas cru capables tant de gens qui veulent passer pour infaillibles dans leurs décisions ; et afin de prévenir de pareils inconvénients, il se tiendra de temps en temps un chapitre de l’Ordre, composé de ceux qui se seront rendus recommandables par leur modération, leur prudence et l’approbation du Public, dans lequel on prendra des mesures efficaces pour réformer l’Ordre, non dans son Chef, puisque c’est un Corps acéphale, mais dans ses membres, pour réparer sa réputation un peu délabrée et rétablir sa gloire, qui ne sera jamais qu’imaginaire tant qu’elle n’aura pas pour objet le bien du Public et de ses intérêts. Fait au Conseil du Public, tenu chez Gradot, le jour de la rentrée des non rentrants.

Numéro
£0204


Année
1735




Références

F.Fr.13661, imprimé