Le Bouquet académique
LE BOUQUET ACADÉMIQUE
Avertissement
Extrait de la nouvelle Histoire de l’Académie
Peut-être que l’Académie n’aura pas toujours des Corneilles, et des Racines, parce que la France peut-être n’en aura pas toujours : mais le discernement et l’honneur de l’Académie seront à couvert, pourvu que dans tous les temps elle possède ce que le royaume produit de meilleur et il n’y a pas à craindre qu’en se rendant difficile, elle rebute les prétendants ; au contraire l’ambition des bons sujets n’en sera que plus excitée, lorsqu’ils verront que l’Académie rejette constamment les médiocres, au hasard de se rendre comme il arrive l’objet de leurs insipides satires.
C’est ainsi que l’Académie prononce en sa faveur par la bouche de son élégant historien1 , mais c’est au public à juger si elle possède aujourd’hui ce qu il y a de meilleur, si elle est si difficile dans les choix qu’elle fait, si elle est recherchée d’un si grand nombre de prétendants et si les plaisanteries qu’elle essuie sont insipides ou de bon sel ; le public seul a droit de signer les rangs, c’est lui qui déclare les bons, les médiocres et les misérables auteurs.
L’authentique décision de l’historien moderne n’avilit et n’irrite personne, et c’est sans aigreur qu’on a rassemblé quelques légers badinages de différents auteurs sous le titre de Bouquet académique ; la cour et la ville jugeront s’il est fade ou de bonne odeur. On a même eu en vue dans ce recueil quelque chose de plus utile aux lecteurs qu’un frivole amusement. Au reste on se croit fort à couvert du reproche fait à Furetière, il était obligé par état à ne relever les sottises de ses confrères.
- 1 Histoire de l’Académie, par M. d’Olivet.
Bouquet académique, p.1-2