Discours prononcé par M. Carré de Montgeron, conseiller au Parlement, le lundi 29 juillet 1737 en présentant son livre au Roi

Sire,

Le zèle ardent qui m’embrase pour Votre Majesté m’a obligé de composer ce livre pour découvrir plusieurs vérités qu’on vous cache et que V.M. a un très grand intérêt de savoir, et pour vous dévoiler les projets qui se trament sourdement contre son autorité ; je sais, Sire, que la démarche que je fais va m’attirer la haine de ceux qui emploient tous leurs efforts pour empêcher que V.M. et ses principaux ministres ne soient instruits des faits dont ce livre contient la preuve, mais je n’ai pu balancer de m’exposer à tous les ressentiments, parce qu’il était question de rendre à V.M. le plus essentiel de tous les services

M. de Montgeron a présenté son livre et prononcé ce discours au Roi dans le moment qu’il sortait de table. Le Roi a paru étonné et cependant a pris le livre en faisant une petite inclination de tête d’un air gracieux.

M. de Montgeron a ensuite été à Saint-Cloud présenter son livre à M. le duc d’Orléans qui l’a reçu après quelques petites difficultés. M. de Montgeron lui ayant expliqué ce qu’il contenait et même lu quelque endroit, M. le Duc d’Orléans a promis de le lire et d’en examiner le précis avec la plus grande attention.

Réponse du Roi à MM. Les députés du parlement au sujet de la détention de M. de Montgeron

J’ai voulu punir un manquement de respect commis dans ma personne. Si je juge à propos d’aller plus loin je vous ferai part de mes intentions.

Le Roi m’a ordonné d’ajouter à ce que Sa Majesté vient de vous dire que le temps n’a pas permis de suivre la forme dans la réparation d’une démarche aussi téméraire et dans laquelle le Roi n’a pas reconnu le magistrat.

Quant au libelle, il a été indispensable de s’en assurer pour empêcher les désordres qu’il aurait pu causer s’il avait été distribué dans le public.