M. de B[ernard ?] avec trois autres traitants fameux, implorent la clémence du Régent
M. de B[ernard ?] avec trois autres traitants fameux, dans la vue du péril qui les menace, n’ayant d’autres ressources qu’en la clémence de M. le duc d’Orléans, lui font cette prière
Paraphrase sur le Miserere
1. Prince dont la clémence s’est signalée en tant d’occasions, ayez pitié de nous selon votre grande miséricorde.
2. Ôtez-nous les moyens de continuer nos injustices et les effacez selon la multitude de ces miséricordes qui sont en vous.
3. Levez-nous de plus de nos iniquités et justifiez-nous de toutes les injustes pratiques dont nous nous sommes servis pour voler impunément le Roi et le peuple.
4. Car dès que nous avons appris votre régence, nous avons ouvert les yeux sur nos crimes ; nous les avons reconnus et nous les avons toujours devant nous.
5. N’ignorant pas que vous deviez un jour avoir l’autorité en main, c’est contre vous seul que nous avons péché ; nous avons commis le mal en votre personne ; nous ne craignons pas de vous en faire un aveu public, afin que vous voyez comme dans les discours que vous avez tenus de nous, dans le temps que n’y pouvant pas apporter le remède nécessaire, vous déploriez le sort du peuple misérable qui était la victime de nos concussions.
6. Ce qui pouvait, grand prince, en quelque manière nous excuser, c’est que nous descendons, la plupart, de parents usuriers ou banqueroutiers ; nous avons été engendrés dans l’iniquité et que nos mères nous ont conçus dans le péché.
7. Vous aimez la vérité et vous nous avez enfin découvert ce qu’il y avait d’incertain et de caché dans votre sagesse, dans le temps que vous ne paraissiez pas vous mêler de nous.
8. Vous nous purifierez par la perte de nos trésors et nous deviendrons purs. Vous nous laverez et nous tâcherons de nous rendre plus blancs que neige par une sincère restitution.
9. Dans l’espérance que vous voudrez bien nous faire entendre une parole de consolation et de joie, nos os humiliés dans la crainte du châtiment que nous méritons commencent déjà à tressaillir de joie.
10. Détournez donc votre visage de nos friponneries et effacez de votre mémoire toutes nos offenses.
11. Il n’appartient qu’à Dieu seul de créer en nous un cœur pur ; du moins que votre clémence nous procure l’esprit de droiture et de justice que nous n’avons jamais eu.
12. Dans l’état de suppliant où vous nous voyez, ne nous rejetez pas de devant votre face et ne retirez pas de nous l’esprit de douceur que vous avez pour tout le monde.
12. Rendez-nous la joie de votre grâce ; fortifiez-nous par un procédé si doux dans l’esprit qui nous inspire présentement de commencer à faire le bien que nous n’avons jamais fait.
14. L’exemple de notre conversion servira beaucoup à prendre notre voie. Ranimés par l’espoir d’obtenir le pardon comme nous, ils se convertiront tous à vous.
15. Délivrez-nous surtout de cet homme de sang que tous les criminels redoutent et nos langues publieront avec joie vos bontés.
16. une conduite si extraordinaire à l’égard [sic] Or nous qui en sommes si indignes, on n’ouvrira nos lèvres que pour vous et notre bouche sera incessamment occupée à annoncer vos louanges.
17. Nous sommes si pénétrés de douleur de vous avoir irrité que s’il n’y avait que le sacrifice de nos vies qui vous puisse apaiser, nous vous les offririons volontiers, mais nous savons que ces sortes d’holocaustes ne vous sont point agréables.
18. L’esprit affligé et l’offrande volontaire des biens dont nous nous sommes emparés est le meilleur sacrifice que vous demandez de nous. Vous ne méprisez pas un cœur contrit et humilié.
19. La dernière prière que nous vous faisons, grand Prince, est de répandre par votre bonté les mêmes grâces sur tous ceux qui suivront notre exemple.
20. C’est ainsi que vous affermirez votre puissance sur les fondements de votre clémence.
21. Alors vous recevrez de toutes parts de pareils sacrifices ; chacun vous présentera ses biens pour offrande de son coeur et pour holocauste, et tout le monde vous adressera ses vœux.
Arsenal 2975/3, p.73-77