Relation du bal donné par les souverains de l’Europe, traduite de l’allemand
Relation du bal donné par les souverains de l’Europe, traduite de l’allemand
L’invention de cette brillante fête est due au cardinal de Fleury, grand maître des cérémonies et du bal, qui en avait réglé l’ordonnance avec tant d’art et d’une manière si ingénieuse que la plupart des seigneurs qui y ont été invités par le sous-maître des cérémonies, le maréchal de Belle-Isle, n’ont pas fait difficulté de s’y trouver.
L’Electeur de Bavière, prétendant à l’Empire, donnait le bal, et le Roi de France payait les violons ; les petits princes d’Allemagne composaient l’orchestre, et chacun avait apporté de son pays les instruments de musique les plus à la mode et dont ils jouaient le mieux.
Les électeurs ecclésiastiques de Trèves, de Mayence et de Cologne dirigeaient la musique, mais comme les deux premiers qui sont déjà sur l’âge, avaient l’oreille un peu dure, et que les instruments des musiciens n’étaient point accordés, la symphonie n’aurait pas manqué de générer le charivari sans l’habileté de l’électeur de Cologne qui battait la mesure avec tant de dextérité, de promptitude que les fautes et les dissonances ne se remarquaient presque point.
Quoique personne n’ignorât que la belle Reine d’Hongrie devait être la reine du bal, on ne sait cependant pas qui devait être le Roi et les spectateurs demeurèrent en suspens.
BHVP, MS 556, p.39