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Compte rendu d'une séance du parlement d'Aix

On est ici fort content de la séance de mardi. L’objet de la Cadière contre la Cogolin fut admis, et les autres objets furent envoyés ad religionem. Les juges s’échauffèrent tellement en opinant que M. de Parade [?] menaça M. de Moissac de coups de bâton. Cette querelle s’apaisa le lendemain et M. de Parade fit tant de soumissions et d’excuses réitérées à M. de Moissac que celui-ci a lieu d’être plus satisfait que si on avait assemblé les chambres. Le conseiller de Villeneuve a été nommé commissaire et a demandé vingt jours pour se préparer. Quoique l’on n’en espère pas beaucoup, il vaut mieux cependant que les autres. Les Girardins ne savent plus où donner de la tête. On a quelque soupçon qu’ils veulent faire enlever la Cadière. C’est pourquoi on va présenter deux comparants, l’un à la supérieure du couvent pour la sommer de répondre de cette fille et de la représenter toutes les fois qu’on la lui demandera. L’autre au procureur général pour le charger de la protection de cette fille et pour le prier de renforcer la serrure de la porte ; on lui ôta dimanche le cadenas qu’on y avait mis la veille, parce que l’on sut que tout le monde était indigné. On oublie de dire que dans la séance des objets les juges Cadière par un trait d’habileté voulurent laisser au premier président le soin de donner à Cadière, la mère, à l’avocat, etc. la permission de voir sa fille, afin de le charger de toute l’indignité au cas qu’il la refusât. Le succès n’en est pas heureux. Il vient de l’accorder pour une fois seulement à Chaudon qui a refusé de l’accepter et qui se prépare à accabler de placets ce digne magistrat. Les prisonniers se portent bien, et Girard est tellement en horreur dans la prison qu’il est obligé de rester seul tout le jour dans sa chambre pour éviter les huées des autres prisonniers.

Nota. On a rappelé dans les bouts rimés l’histoire du maréchal d’Ancre qui fut assassiné sous le règne de Louis XIII et on a fait descendre M. d’Argens d’un Boyer qui fut un des principaux assassins de ce maréchal de France, mais mal à propos car il ne tire pas son origine de cette branche.

A l’égard de Mme d’Argens, c’est une femme du monde sur le compte de laquelle jamais jésuite n’a passé

Numéro
£0162


Année
1731




Références

Turin, I, 25