Lettre du Roi écrite à Mgr le cardinal de Noailles
Lettre du Roi, écrite à Monseigneur de Noailles, archevêque de Paris
Mon cousin, l'infante d'Espagne est arrivée dans ma Cour et j'en a la joie la plus vive que mon cœur ait encore ressentie ; mon mariage avec cette princesse réunira les deux branches descendues du roi mon bisaïeul, et par là je remplirai les plus doux souhaits que ce monarque eut pu former. Ce qu'il y a de plus heureux et ce qui me touche le plus sensiblement, c'est que cette union qui affermit la puissance de mon État et celle d'Espagne, ne cause point de ces alarmes politiques et de ces jalousies éternelles qui font répandre tant de sang, et qu'au contraire toute l'Europe y applaudit sincèrement et ratifie en quelque force le traité de mon mariage. Tout ce qui s'est fait sous mon règne n'a eu pour objet que de lier tellement les puissances entre elles qu'il en résultât la tranquillité générale et que le bonheur des différents peuples fut un bonheur commun dont les uns ne pussent jouir sans les autres. Comme le souverain maître des rois n'est pas moins appelé le dieu de la paix que le seigneur des armées, j'ai cru qu'il était nécessaire de lui rendre grâce d'un événement si propre à assurer la tranquillité publique, et je vous fais cette lettre de l'avis de mon oncle le duc d'Orléans, Régent, pour vous dire de faire chanter le Te Deum dans l'église métropolitaine de ma bonne ville de Paris, où mon intention est d'assister en personne le douze de ce mois, à l'heure que le Grand Maître des cérémonies vous dira de ma part. Je lu ordonne d'y convier mes cours, et ceux qui ont coutume d'y assister. Sur ce, je pris Dieu qu'il vous ait, mon cousin, en sa sainte et digne garde.
Écrit à Paris, le 6 mars 1722.
Signé : Louis
Et plus bas : Phélipeaux
Et au dos est écrit : À mon cousin le cardinal de Noailles, archevêque de Paris, duc et pair de France, commandeur de mes ordres.
Clairambault, F.Fr.12698, p.215