Discours du doge de Gênes au duc de Boufflers
Réponse du Sérénissime doge
au discours du duc de Boufflers,
général des troupes françaises à Gênes
Les sentiments que Votre Excellence vient d’exposer à notre république au nom du Roi Très Chrétien effacent le souvenir des infortunes passées et adoucissent l’amertume de notre situation présente. L’Etat se trouve en une parfaite sûreté par l’intérêt qu’y prennent des monarques également grands par leurs forces et par leur exactitude à accomplir leurs promesses.
La République s’applaudit d’avoir rempli ses engagements avec une invincible fermeté. Les disgrâces qqu’elle a eu à souffrir n’ont servi qu’à augmenter son courage et à redoubler sa constance.
Intrépide dans les dangers les plus funestes, elle a été et est toujours prête à tout sacrifier à la conservation de sa liberté, et si ses efforts ont pu rouvrir le chemin aux invincibles armes de Sa Majesté Très Chrétienne pour accélérer les généreux effets de ses magnanimes intentions, la République ne cessera d’y trouver de nouveaux motifs de la reconnaissance infinie dont elle se sent pénétrée à la vue de leur accomplissement.
L’arrivée de Votre Excellence est pour nous une heureuse époque ; elle en voit des preuves dans les démonstrations éclatantes de la voie publique. Vos qualités héréditaires et personnelles sont généralement connues, mais ce qui en fait le plus grand et le plus précieux éloge, c’est l’estime qu’en fait un monarque excellent connaisseur en matière de mérite. Sa Majesté ne pouvait donner à la Sérénissime République une marque plus évidente de sa bienveillance qu’en choisisssant une personne si respectable à tous égards.
Si l’amour de la liberté nous a tant fait entreprendre seuls, que ne ferons-nous à plus forte raison pour continuer et terminer glorieusement l’entreprise, à présent que nous sommes efficacement secourus par un si puissant monarque, et assisté par un seigneur qui le représente si dignenement ?
Je ne doute point que Votre Excellence n’appuie auprès de Sa Majesté la force et la sincérité de ce sentiment, qui sont ceux de la nation. J’ai l’honneur de l’assurer au nom de tout ce qu’il y a de Génois, que les effets y répondront en toute occasion.
Maurepas, F.Fr.12650, p.132 - F.Fr.13659, p.39-41