Credo d'un amateur de théâtre
Je crois en Voltaire, le père tout-puissant, le créateur du théâtre et de la philosophie1 .
Je crois en La Harpe, son fils unique, notre seigneur, qui a été conçu du comte d’Essex, est né de Le Kain a souffert sous M. de Sartines, a été mis à Bicêtre, est descendu aux Cabanons, le troisième mois est ressuscité d’entre les morts, est monté au théâtre, et s’est assis à la droite de Voltaire, d’où il est venu juger les vivants et les morts.
Je crois à Le Kain, à la sainte association des fidèles, à la confrérie du sacré génie de M. d’Argental, à la résurrection des Scythes, aux sublimes illuminations de M. de Saint-Lambert, aux profondeurs ineffables de madame Vestris. Ainsi soit-il !
- 1 - 19 novembre. On vient de faire une plaisanterie, intitulée le Credo d’un amateur du théâtre. Elle roule sur quelques anecdotes, dont il faut être au fait et qui sont très connues de ceux qui fréquentent les foyers, où cette facétie occasionne surtout beaucoup de rumeur. Elle porte d’ailleurs sur M. de La Harpe, aujourd’hui compagnon travaillant sous le sieur La Combe, entrepreneur du Mercure ; ce petit auteur s’est chargé de la partie littéraire, et principalement de celle du théâtre, dont il prononce les jugements. Voici ce Credo (M.)
F.Fr.13651, p.366 - Bachaumont, V,12