Projet de bulle pour la béatification de la vénérable mère, Marie Marguerite à la Coque,
Projet de bulle pour la béatification de la vénérable mère, Marie Marguerite à la Coque,
religieuse à la Visitation Sainte-Marie, morte en odeur de sainteté en 1690 dans le diocèse d'Autun.
Nous, Benoît XIII, par la grâce de Dieu souverain pontife, nous étant fait représenter la vie de Sœur Marie-Marguerite à la Coque, écrite par notre très cher frère en Jésus-Christ l’évêque de Soissons, nous avons été également réjoui et édifié des choses qui y sont rapportées et nous avons admiré les merveilles et les grâces incroyables qui ont été répandues sur cette digne servante de Dieu, comme entre autres :
Page 4 – S’être vouée à la chasteté dès l’âge de quatre ans.
Page 22 – D’avoir eu la simplicité de se confesser coupable des plus gros péchés bien qu’elle en fût innocente, et cela par un excès d’humilité.
Page 21 – D’avoir pratiqué une obéissance entière et aveugle envers ses supérieurs, préférablement à tous autres devoirs.
D’avoir exercé sur elle-même de grandes austérités jusqu’à se serrer le corps avec des cordes et chaînettes qui lui ôtaient la respiration et jusqu’à se priver de boire pendant cinquante jours.
Page 43 – D’avoir surmonté la répugnance naturelle qu’elle avait pour le fromage.
Page 98 – D’avoir eu une tendre dévotion pour la Sainte Vierge qui la favorisa un jour de la même manière que saint Antoine de Padoue, en se montrant à elle avec son Divin Enfant entre ses bras.
Page 48 – D’avoir eu des extases et des visions de toutes espèces et de s’être épuisée d’amour pour Jésus comme sainte Catherine de Sienne.
Page 68 – D’avoir senti toutes les amabilités (mot nouveau) de ce divin époux.
D’avoir souvent avec lui des colloques amoureux et d’avoir été favorisée de ses caresses les plus suaves.
Page 110 – D’avoir souhaité de se consumer par amour en sa présence comme les cierges brûlant sur l’autel.
Page 119 – D’avoir doucement reposé sa tête sur la poitrine de son bien-aimé et de lui avoir donné son cœur, lequel il prit et le mit dans le sien pour le lui rendre tout enflammé, dont il resta à cette amante passionnée un mal au côté et une ardeur continuelle dans la poitrine.
Page 97 – D’avoir un jour vu l’objet de sa tendresse dans son sein en forme de lumière qui ravit tout son intérieur et s’appliqua à toutes ses puissances de l’avoir vu une autre fois tout rayonnant de gloire dans l’hostie enflammée et d’avoir eu avec lui des entretiens si sublimes et d’une si haute spiritualité qu’il n’est pas donné aux simples mortels d’y rien comprendre.
Page 47 – D’avoir fidèlement gardé une ânesse et un ânon pour les empêcher d’entrer dans le potager de son illustre amant, lui tenant compagnie.
Page 110 – D’avoir vu un jour cet amant qui lui montrait son cœur enflammé disant, voici le purgatoire de mon amour.
Page 40 – D’avoir fait à son amant une protestation d’amour écrite de son sang qui commençait en ces termes : Moi, chétive et misérable, etc.
Page 168 – D’avoir poussé la passion jusqu’à graver sur son sein avec un canif ce nom de Jésus-Christ et y avoir même appliqué le feu pour en rendre les traits plus durables, ce qui approche des stigmates de saint François.
Page 167 – D’avoir fait en faveur de son époux un testament ou donation de tout ce qu’elle pouvait faire ou souffrir et de toutes les prières que l’on ferait pour elle devant ou après sa mort, pour en disposer selon sa volonté, se dépouillant de tout, excepté d’être à jamais unie au divin cœur de Jésus, en échange de quoi il lui passa un acte par lequel il la constitue héritière de son cœur et de tous ses trésors.
Item, d’avoir été si souvent hors d’elle-même qu’elle ne savait ce qu’elle disait, comme aussi d’avoir en vogue l’adoration du Sacré Cœur de Jésus.
Page 114 – Et d’avoir dressé les prières que l’on doit faire à ce cœur avec une amende honorable pour les irrévérences que les hommes commettent envers lui.
D’avoir été associée aux chœurs des anges pour chanter avec eux L’amour triomphe, l’amour jouit, l’amour en Dieu se réjouit.
D’avoir vu réellement des choses que les autres ne voient qu’en rêve.
Page 196 – D’avoir vu maintes fois des âmes du purgatoire qui imploraient son assistance, et entre autres une sienne compagne qui était couchée sur son lit garni de pointes enflammées et aiguës pour avoir été sujette au péché de paresse.
Page 141 – D’avoir eu à essuyer toutes les niches que Satan lui faisait, tantôt en lui montrant de gros yeux pour lui faire peur, tantôt en lui tirant sa chaise ou renversant son échelle pour la faire tomber, et, ce qui est bien plus diabolique, en lui donnant une faim dévorante pendant qu’elle était hors du réfectoire, et un horrible dégoût dès qu’elle y entrait.
Page 103 – D’avoir souffert patiemment, ce qui est encore pis, la contradiction de ses compagnes et de ses supérieures, qui la traitaient de visionnaire et d’imagination hypocondre et qui poussèrent un jour la dureté jusqu’à lui défendre d’être malade.
Page 133 – Enfin d’avoir fait du bruit après son trépas comme étant morte et en odeur de sainteté, et d’avoir empêché qu’un enfant qui glissait sur la Saône et qui tomba dans l’eau fût gelé avant que l’on l’en tira.
A ces causes, et pour complaire à notre vénérable frère l’évêque de Soissons, à qui nous ne pouvons ni ne devons rien refuser, comme aussi vu le besoin qu’à l’ordre de la Visitation de recevoir quelque relief, nous croyons la sœur à la Coque digne d’occuper une place dans le Ciel à côté de sainte Catherine de Sienne, et de sainte Thérèse. C’est pourquoi, dès à présent nous la déclarons béate, en attendant qu’elle puisse être canonisée, ce qui ne tardera pas si on a soin comme nous l’espérons de lui faire incessamment opérer un grand nombre de miracles. Deuxièmement nous permettons à tous ceux qui ont été témoins de cette merveille ou qui y ajoutent foi, spécialement aux vieilles femmes, aux religieuses et aux enfants d’honorer la bienheureuse à la Coque de telle manière qu’il leur plaira. De plus, ordonnons que la vie de ladite Alacoque écrite par l’évêque de Soissons soit incessamment imprimée aux frais de la Légende dorée, et qu’il en soit fait des traductions en italien, espagnol et allemand, comme étant plus d’usage de ces nations que des Français.
Défendons en outre, sous peine d’excommunication majeure de se moquer de la nouvelle béate, ni même de son histoire sous quelque prétexte que ce soit.
Enfin nous ordonnons un jubilé universel en actions de grâces de ce qu’après tant de troubles l’Église gallicane est entrée dans toutes les dispositions de foi et d’esprit que nous pouvions le plus désirer et semble vouloir s’y affermir de plus en plus. Donné dans notre palais du Vatican.
Clairambault, F.Fr.12701, p.441-451 - Maurepas, F.Fr.12632, p.474-79
Suite logique de £0275