Étrennes politiques pour les joueurs de quadrille
Étrennes politiques pour les joueurs de quadrille
L’Empereur
Je n’ai plus de bonheur au jeu ; tous mes matadors ne sont bons à rien ; encore suis-je entré mal à propos ; j’aimerais mieux aller à la chasse.
La France
Je suis maître du jeu qui me vient toujours plus beau. Mais je joue médiateur par complaisance.
L’Espagne
Pour le coup je me suis remise un peu, mas il me manque encore de grosses fiches.
L’Angleterre
Je ne sais si je jouerai ou non ; mes cartes sont fort brouillées ; il me semble même qu’on ne fait pas grand cas de mon Roi.
La Russie
J’ai mal appelé, mais je suis en trop bon train pour quitter la partie. Peut-être ferai-je la grande vole.
La Hollande
Nous ne jouerons que forcé, mais toujours argent comptant.
Le Turc
Jouons toujours, la partie n’est que remise.
Le Roi de Pologne
J’ai gagné une fois codille, mais on m’a appelé mal à propos.
Le Pape
Je ne fais que mêler les cartes.
Don Carlos
Voilà une Dame qui sait mon jeu gracieux.
La Prusse
Personne ne veut appeler mon Roi, crainte de payer les débits.
Le Portugal
Mon entrée n’était pas trop bonne, mais j’ai trouvé un bon aide [sic]
Venise
Qu’on ne m’appelle point ; j’ai trop perdu à ce jeu-là. On ne m’aide pas comme il faut.
Stanislas
On m’a coupé deux fois mon roi ; c’est pourquoi je renonce au jeu tout à fait.
Danemark
Je joue petit jeu et je m’en trouve bien.
Suède
Il faut que je joue sagement pour me remettre ; j’ai fait trop de bêtes.
Le duc de Lorraine
Sans être grand joueur, je joue gros jeu ; si je gagne, ce n’est que par la Dame gardée.
Sardaigne
Je cache mon jeu ; je ne saurais gagner sans trouver un bon aide.
La Suisse
Je n’aime point à jouer ; je me maintiens dans une honnête pauvreté.
Bavière
J’ai passé longtemps ; peut-être que mon tour viendra.
L’Électeur palatin
Comment donc ! on joue de mon bien sans m’en demander permission.
Gênes
Je paie cher mes tricheries. Si mon roi ne me fait gagner, je brûlerais mes cartes.
Le Duc de Curlande
Sans y penser, j’ai gagné une grande bête.
Le Prétendant
Si j’ai toujours perdu, c’est que je ne sais point le jeu ; je suis même trop âgé pour l’apprendre.
F.Fr.15149, p.172-77