Sans titre
Le Père Racan, jésuite, prêchant au monastère des bénédictines de la Fontaine Saint-Martin eut l’audace, en faisant l’éloge du son confrère le Père Girard de dire qu’il était une figure très expresse de Jésus-Christ, et voici sur quoi il fonda ce parallèle impie.
Jésus-Christ entrant à Jérusalem fut reçu avec les applaudissements du peuple, le Père Girard entrant à Toulon y fut admiré et applaudi de tout le monde. J.-C., six jours après son entrée à Jérusalem, fut persécuté et emprisonné. Le P. Girard, peu de temps après son entrée à Toulon, a aussi été haï, persécuté et mis en prison. Comme on l’y menait, il disait comme Jésus-Christ : qu’ai-je fait à ce peuple ? je ne lui ai jamais fait que du bien.
Quoique les jésuites aient grand intérêt de ne jamais rapprocher les deux idées du saint Pâris et du P. Girard, le même Père Racan osa dans le même sermon assurer son auditoire que la dévotion de ce diacre avait consisté à ne jamais dire son bréviaire et à ne jamais communier, que tous ses miracles étaient faux, qu’il se faisait un tumulte effroyable à son tombeau, et que dès que les malades y étaient arrivés, on criait qu’ils étaient guéris, quoiqu’ils ne le fussent point. Que ne peut-on pas dans un temps où il est permis de donner impunément au peuple chrétien dans la chaire de vérité, le Père Girard pour un saint, et un saint à miracle pour un réprouvé.
Besançon BM, MS 561, p.183-84