Harangue faite au roi par les harengères
Harangue faite au Roi, par les harengères de Paris sur la naissance de Monseigneur le duc d’Anjou
Sire,
J’avons tant à cœur la nouvelle que je venons d’apprendre, que notre bonne Reine vient de vous donner un biau gros garçon que j’appellerons sans doute Monseigneur le duc d’Anjou, que je ne pouvons nous empêcher que de vous faire nos congratulations sur la naissance, aussi ben que dessus la joye que je sommes persuadées que vous en avez. Le bon Dieu est un grand maître ; il sçait ben ce qu’il nous faut ; et c’est donc pourquoi il vous a encore donné un garçon qui ne sera pas le dernier ; car vous êtes assez jeunes tous deux pour en avoir encore une demi-douzaine. J’espérons, Sire, par votre bonté que vous nous octroyerez la grâce que d’avoir la valissance que de saluer ce nouviau prince, comme j’ayons eu l’honneur que d’en faire de même à Monseigneur le Dauphin. Je ne recommandrons rien à la nourrice, car je sçavons ben qu’il appartient à un bon père et à une bonne mère qui ne le laisseront point chomer et qu’il est en bonnes mains. J’allons toutes enemble faire chanter un Te Deum pour remercier le Signeur du biau présent qui’l nous a fait et je le prierons de bien conserver le père, la mère et toute la royale famille.
Permis d’imprimer et distribuer ce 30 août 1730, Hérault. De l’imprimerie de Louis Coignard.
Clairambault, F.Fr.12700, p.272
Harangue faite au Roi, par les harengères de Paris sur la naissance de Monseigneur le duc d’Anjou